Pour la première édition, nous avons proposé un thème intrinsèquement lié à la conception du projet : le déplacement dans l'espace et le temps. Notre « bagage » de livres s'est inspiré du riche territoire d'associations, d'allusions et de resignifications offert par l'œuvre abondante de Guimarães Rosa.

Citant un extrait de Great Backlands : Chemins: « Je n'aimais pas vraiment les paillettes ; ce que je voyais, je le voyais moi-même. J'avais un sac, qui n'était ni un sac de voyage, ni une mallette, mais plutôt un sac à bandoulière, mon sac en version décontractée. » Dans ce passage, Riobaldo décrit habilement sa valise comme un objet flexible, transitoire, un artefact de son dos, à la fois à moitié plein et à moitié vide. Fort de cette ambiguïté, il nous emmène tout au long du récit à travers des territoires qui ne se limitent pas à de simples déplacements géographiques physiques dans l'arrière-pays, mais explorent aussi des espaces empreints d'incertitudes et d'étrangeté, explorant les limites et les contradictions internes de sa personnalité.

Ce bref extrait, qui nous a permis de découvrir la « valise vagabonde », nous a inspirés et a soulevé plusieurs questions : que souhaitions-nous vraiment emporter et partager ? Quelles réflexions entendions-nous susciter pour promouvoir un regard plus critique sur la société grâce à notre travail ?

Dans le but de stimuler de nouvelles perspectives et de nouveaux dialogues, nous espérions que le thème fonctionnerait comme un déclencheur narratif, permettant à chacun de nous de créer des histoires et des possibilités esthétiques uniques, leur conférant une expressivité poétique singulière.

Aujourd'hui, avec le recul, nous constatons comment cette invitation à explorer de nouveaux territoires – géographiques ou symboliques – s'est répercutée dans les œuvres créées. MALA, accompagné des livres, a transformé l'étrangeté en dialogue et les incertitudes en découverte, ouvrant la voie à de nouvelles perspectives et à de nouveaux récits pour notre parcours artistique en 2024.